Entretien avec le président de la Fédération Russe et Européenne de Sambo, Sergey Eliseev, à la veille des Jeux européens à Minsk

10 juin 2019

À la veille des 2èmes Jeux européens, le célèbre journaliste sportif italien Orlando Giuliano s’est entretenu avec le président de la Fédération panrusse et européenne de Sambo, Sergey Eliseev, sur les jeunes talents, les perspectives olympiques et le développement du Sambo en Europe.

M. Eliseev, comment évaluez-vous le niveau du dernier Championnat d’Europe de Sambo: excellent, bon ou normal?

— Il est probablement trop tôt pour parler d’un niveau excellent, mais c’était un très bon niveau. En général, je peux affirmer avec certitude que le championnat s’est avéré très bon: un magnifique palais des sports, une salle confortable pour les athlètes et pour les spectateurs, toutes les délégations avaient été confortablement placées. Globalement, il n’a pas eu de problèmes ou de retards. La remise des récompenses a été bien organisée. Je considère que le niveau de compétition est très bon.

Parmi les participants en général, lequel pourriez-vous identifier, qui pourrait entrer dans le TOP 10?

— Je suggérerais de ne pas trop me concentrer sur les personnes mais sur les pays. Premièrement, j’estime qu’il est important de noter la répartition des médailles, 21 pays sont partis avec des récompenses — c’est un très bon résultat. Parmi les équipes nationales, je noterais la Serbie, la Croatie, la Macédoine, l’Italie, la France et la Roumanie. Les Roumains n’ont jamais eu de champions d’Europe masculins, dans la catégorie des poids lourds, un Roumain a superbement gagné la finale contre son adversaire géorgien. Et bien sûr, je voudrais mettre en évidence les pays qui sont traditionnellement forts: Russie, Ukraine, Géorgie et Biélorussie.

Vous pouvez également dire qu’aujourd’hui le niveau de Sambo aux Pays-Bas a visiblement augmenté, les athlètes s’améliorent chaque année. J’aime la façon dont ils se développent, ils participent à des séminaires d’arbitrage et de coaching, invitent des experts pour animer des master classes. Particulièrement, j’aimerais mettre en lumière les organisateurs du tournoi, l’équipe nationale espagnole qui s’est très bien comportée en remportant 5 médailles.

Si je dois noter personnellement quelqu’un, je citerais Maria Molchanova de Russie, qui s’est bien battue. Laure Fournier de France a également fait preuve de beaucoup de confiance. Les femmes de l’équipe ukrainienne ont bien combattu. Et parmi les poids lourds je note l’athlète roumain NATEA Ilie Daniel.

Dans d’autres pays, le remplacement habituel d’anciens combattants est en train de se mettre en place, ils s’en vont discrètement, à mesure que les jeunes deviennent fonctionnellement et techniquement plus intéressants et, bien entendu, psychologiquement mûrs pour être leadership.

Parmi la jeune génération jusqu’à 25 ans, avez-vous remarqué des talents?

— Je ne vais peut-être pas souligner quelqu’un spécifiquement. Je peux dire que le niveau de Sambo européen devient chaque année de plus en plus compétitif. La concurrence grandit simplement parce que les gars sont issus de l’équipe espoirs et sont entrés dans la catégorie d’âge des jeunes seniors, et que cela commence déjà à se faire sentir. Si vous regardez tous les participants au tournoi, le pourcentage de jeunes sera d’environ 25%.

Le Sambo prévoit de participer aux Jeux olympiques. Combien de catégories voudriez-vous y voir?

— Ce n’est pas seulement une planification, nous pensons que le Sambo est digne de participer aux Jeux Olympiques. Aujourd’hui, le Sambo se développe autant que n’importe quel sport olympique, dépassant même beaucoup d’autres type de sports. Nous ne nous reposons pas sur nos lauriers mais travaillons constamment; il serait donc formidable d’avoir au moins cinq catégories de poids masculins et féminins aux Jeux olympiques. Ce serait une grande victoire.

Comment définissez-vous le développement du Sambo européen: croissance ou stabilité?

— Je dirais qu‘ il y a un certain stade de stabilité maintenant, car il n’y a pas d’explosion. Mais nous avons pris de l’élan et maintenant, cet élan s’accroît et gagne du pouvoir. Je vois aussi que beaucoup d’équipes n’engagent plus que 2 ou 3 personnes dans le tournoi, mais de grandes délégations: les Français, avec 19 participants, les Ukrainiens, l’équipe complète, les Géorgiens et les Biélorusses ont amené de grosses équipes, les Italiens se renforcent progressivement. Cela est dû au fait que les Comités Nationaux Olympiques ont commencé à s’intéresser à notre sport, à soutenir les fédérations nationales, des fonds supplémentaires sont apparus et des ressources. Des équipes ont commencé à participer activement aux compétitions, la concurrence s’amplifie. Je pense qu’il y a maintenant une stabilisation, une accumulation d’énergie. Dans quelques années, nous allons tirer très fort.

Combien de participants de Russie sont arrivés et quel est le pourcentage d’hommes et de femmes?

— 27 athlètes de toutes les catégories de poids sont arrivés de Russie, nous avons amené une équipe complète: 9 femmes, 9 hommes et 9 athlètes en Sambo combat. Par conséquent, le pourcentage ici est de 33,3% à 66,7%. Comme il se doit selon les règles.

Qu’est-ce qui pourrait être amélioré en Sambo pour attirer davantage l’attention de la presse?

— Je pense que nous devons faire plus de publicité pour faire connaître notre championnat pas simplement en Russie, mais aussi en Europe et dans le monde entier. C’est bien d’inviter des journalistes, mais c’est mieux s’ils viennent d’eux-mêmes et de tous les continents. Le fait que nous ayons maintenant une diffusion en direct de nos compétitions sur Internet est très important, c’est un avantage considérable. En outre, nous sommes heureux que nos tournois soient diffusés sur les chaînes de télévision de nombreux pays. Mais cela ne suffit pas, il faut informer sur le championnat à l’avance, au minimum un mois ou mieux six mois avant la compétition.

Que pensez-vous du Sambo en Italie?

— Le Sambo en Italie se développe de la même manière que le Sambo en Russie, ce qui est très correct. Les Italiens ont commencé à développer le Sambo avec les plus jeunes, les enfants ont grandi et sont devenus espoirs, et aujourd’hui les espoirs, eux, ils remportent déjà des médailles dans le championnat senior. Auparavant, les spécialistes italiens travaillaient comme dans la plupart des fédérations du monde, en attirant des athlètes de types de sport similaires: judo, lutte. Maintenant, ils forment leurs samboïstes. Même si cela ne se fait pas rapidement, le système est correct.

Je tiens à souligner le travail du secrétaire général de la FIAS, secrétaire général de la l’ESF, président de la commission de Sambo de la Fédération nationale Roberto Ferraris, qui l’a vraiment abordé avec beaucoup de rigueur. Il a créé des programmes de formation pour les entraîneurs et les arbitres, il organise régulièrement des séminaires. Le moment est venu où ses efforts ont commencé à donner des résultats tangibles. L’Italie est un pays très prometteur pour nous.

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22—23 juin, 2019 II Jeux européens  Bélarus, Minsk