Il vous a fallu combien de temps pour décrocher la victoire ?
Laure Fournier: Beaucoup d’années. C’est ma cinquième médaille aux championnats du monde. J’ai eu " le bronze et l’argent ". Une fois, je pensais déjà avoir gagné.
C’était quand?
Laure Fournier: À Casablanca en 2015. Imaginez-vous la finale. Je me sentais très bien. Ce jour là je devais réussir, mais il s’est passé quelque chose. J’ai perdu cette fois-là au Maroc.
Vouliez-vous tout arrêter?
Laure Fournier: Arrêter de faire du Sambo? Jamais de la vie ! J’ai de la force et tellement d’envie que je veux le faire partager.
Et vous continuez à vous vous préparer, à vous vous entraîner?
Laure Fournier: J’adore m’entraîner. Peut-être j’en fais trop jusqu’à l’épuisement,d’après certaines personnes. Mais comment faire autrement ? Le Sambo est un sport qui enseigne comment se défendre, tolérer, vaincre. C’est la philosophie de la vie, du moins la mienne assurément.
Auparavant vous faisiez seulement du judo.
Laure Fournier: C’était quand ? Jusqu’en 2012. Et puis j’ai découvert l’autodéfense sans armes. Et j’ai compris que ce sport était fait pour moi.
Vous communiquez beaucoup avec les samboïstes russes.
Laure Fournier: Je mes suis liée d’amitié avec certains d’entre eux. J’y ai beaucoup de connaissances. Cette année, j’ai remporté l’étape de la Coupe du monde à Kazan et j’ai réalisé que je ne suis pas allée à Moscou en hiver, en vain.
Pour vous faire des amis?
Laure Fournier: Oui et pour cette raison aussi. Mais surtout, mon entraîneur et moi-même nous nous entraînons depuis deux semaines avec les sportifs du club Sambo-70. C’est tout à fait différent.
Et ensuite, qu’allez-vous faire? Après avoir remporté le titre suprême ?
Laure Fournier: Le titre principal, oui il a été déjà remporté. Mais je veux aussi gagner le titre Européen. Jusqu’à présent, cela ne m’est pas arrivé. Et je dois aussi aller à Minsk en 2019. Comment se nomme la grande compétition qui va y voir lieu?
La deuxième édition des Jeux Européens.
Laure Fournier: Oui, évidemment. Le but pour moi sera de gagner. Mais je ne veux pas que vous ayez l’impression que je suis une individualiste et que je ne me bats que pour moi-même. Ce n’est pas du tout ça. Aujourd’hui, c’est aussi mon pays, la France, qui a gagné avec moi.
Vasily Shestakov, président de la FIAS:
— Le succès n’est pas accidentel. Les Français sont très cohérents et développent soigneusement le Sambo. Pour décrocher cette médaille d’or ils ont marché obstinément pendant plusieurs années, perdant parfois dans une lutte acharnée.Et notez-vous que la médaille de Laure Fournier n’est pas la seule en France.La médaille d’argent a été remportée par Louis Laurent le dernier jour de la compétition. Il a été battu par notre Artem Osipenko, sept fois champion du monde dans la catégorie des + 100 kg. Nous sommes très heureux que des samboïstes de 23 pays soient montés sur le podium. Eh bien, qui avait auparavant entendu parler des sportifs des Philippines ? Aujourd’hui, ils ont une médaille de bronze. La FIAS apporte son soutien de différents manières pour développer le Sambo dans le monde entier. Nous avons donc décidé d’ouvrir des centres Sambo en Colombie, en République de Corée et à Chypre.